

Re-thinking poverty #2 (à midi)
L’incertitude comme boussole: navigations épistémiques du travail social
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‣ Inscription obligatoire par mail à
‣ En présence de Eleni Alevanti*
Ce Rethinking Poverty sera l’occasion de réfléchir avec Eleni Alevanti, docteure en sciences sociales et intervenante en psychiatrie, aux pratiques développées dans le travail social et à comment, à partir du concept d’injustice épistémique, les penser sous un angle nouveau.
L’injustice épistémique est un concept développé par Miranda Fricker en 2007 qui caractérise deux types de discrimination : l’injustice testimoniale et l’injustice herméneutique.
« L’injustice testimoniale se produit lorsqu’un préjugé amène un auditeur à décrédibiliser la parole d’un locuteur ; l’injustice herméneutique se produit à un stade antérieur, lorsqu’un écart dans les ressources d’interprétation collective met quelqu’un dans une situation injustement désavantageuse lorsqu’il s’agit de donner un sens à ses expériences sociales. » (notre traduction)
Le travail social, et plus particulièrement le travail en/de rue, implique souvent une relation d’aide, inégalitaire de fait, qui peut donner lieu à la reproduction de mécanismes de dominations. Comprendre que ces mécanismes s’appuient aussi sur des logiques épistémiques qui guident et orientent la façon dont le « sujet précaire », le « fou », l’« immense », etc. sont – sans le vouloir eux-mêmes ¬– surdéterminés et enfermés, a toutes les chances d’interroger très radicalement les pratiques autant que les rapports sociaux problématiques qui organisent le quotidien du travail social et qui ¬– souvent inconsciemment – sont le fait des intervenant·e·s sociaux iels-mêmes. Il s’agira spécifiquement ici d’envisager ce problème à partir de la question « qu’est-ce qui constitue un savoir légitime ? ».
Tenter de contrer ces dominations en passant par une déconstruction des certitudes épistémologiques qui régissent les catégories usuelles de l’intervention sociale semble donc être une piste intéressante, sinon absolument nécessaire, à explorer pour sortir de l’injustice épistémique. Ainsi, poser l’incertitude comme boussole permettrait de faire un pas de côté pour comprendre, en sortant des codes qui nous sont familiers, une parole autant qu’un savoir communément jugés comme étant insensés, illégitimes, exclues de la communauté épistémique des dominants. Privilégiant ainsi la curiosité plutôt que la catégorisation et la délégitimation épistémique, ce RTP sera également l’occasion de réfléchir à d’autres formes de savoirs non reconnus comme tels et systématiquement dévalorisés.
Cette thématique s’inscrit dans la continuité d’une réflexion déjà entamée au sein du dispositif RTP (anciennement Think Tank Poverty) avec le Think Tank n°25 intitulé « La pauvreté, un vécu et/ou un savoir ? Un savoir et/ou un pouvoir ? » (https://doucheflux.be/…/think-tank-25-la-pauvrete-un…/) et le Think Tank n°28, « Ma souffrance est politique ! » (https://doucheflux.be/…/plaid…/think-tank/think-tank-28/ ). Nous proposons, dans cette même lignée, de continuer d’approfondir cette interrogation au travers d’un concept théorique que nous estimons porteur et d’en mettre tous les linéaments (auto)critiques en débat !
*Eleni Alevanti intervient au sein d’une équipe mobile qui rencontre des personnes sans logis ou mal logées et qui ont par ailleurs des parcours dans le milieu de la psychiatrie. Sa thèse porte sur la réforme 107 et s’intéresse aux politiques du soin en santé mentale, aux injustices épistémiques et aux paradoxes des mouvements de désinstitutionalisation.